vendredi 29 novembre 2013

ANTARSYA ; l’avenir de l’anticapitalisme

Nous avons mis en ligne des articles relatifs à la crise d'orientation d'ANTARSYA (coalition de la gauche anticapitaliste). Cet article de la revue "Socialisme par en bas" (revue bimensuelle du SEK-IST, seconde composante de la coalition) a été publié en mars dernier, en vue du congrès national d'ANTARSYA. Il comporte les lignes essentielles de l'argumentaire du SEK, alors que la question d'une alliance avec le Plan B d'Alekos Alavanos (ex-président de SYRIZA, axant ses revendications sur la sortie de la zone euro) était déjà posée.


Ceux qui résistent recherchent du soutien pour leurs luttes. Léandros Bolaris décrit le rôle et les responsabilités de la gauche anticapitaliste.

En 1897 Mark Twain, le célèbre écrivain américain, donnait cette réponse spirituelle au reportage d’un journal qui le disait mort : «  j’ai bien peur que la nouvelle de ma mort ne soit exagérée ». ANTARSYA ne dispose pas du talent littéraire d’un Twain, pourtant elle démontre non seulement qu’elle n’est pas « morte », mais qu’au contraire ses voiles se gonflent de l’air de la révolte qui souffle dans la classe ouvrière, dans la jeunesse, dans la gauche elle-même. Ce fait s’imposera de façon encore plus claire quand ANTARSYA tiendra sa seconde Conférence Panhellénique (Congrès National ndt)
Les manifestations qu’organise ANTARSYA ces derniers temps dans une série  de quartiers et de villes sont un moyen de mesurer son écho. Quelques exemples depuis la fin février jusqu’aux premiers jours de mars. A Patras le 27/02 plus de trois cent militants ont participé à la conférence organisée par le Comité Local, le même jour plus de cinquante ont participé à la conférence qu’organisait le Comité Local de Neas Philadelphias – Neas Ionias. Le premier mars à Kalamata les participants ont atteint la soixantaine. Le six mars la conférence d’ANTARSYA Thessalonique comprenait environ 120 participants.
Quel que soit le sujet de la manifestation ou les intervenants, les gens qui participent ouvrent toute la gamme des questions auxquelles le mouvement fait face dans cette période. Travailleurs, étudiants, chômeurs, retraités, membres de partis de gauche ou inorganisés, personnes ayant tourné le dos au PASOK et qui cherchent des solutions pour leurs luttes et leurs perspectives. Où va vraiment l’économie, au-delà des déclarations mensongères et rassurantes des Samaristes, dans quelle phase se trouvent les luttes contre les mémorandums et les grèves, de quelles forces dispose la gauche, et que doit-elle faire ?
Au cours des mois qui se sont écoulés depuis les deux élections de mai - juin (2012 ndt) les évolutions sont brusques. Le gouvernement a recours de plus en plus à la solution de la répression, mais cela ne conduit qu’à mettre le mouvement dans la rue, avec des grèves et des manifestations. Les travailleurs et les jeunes qui ont donné 30% à la gauche l’ont fait avec espoir et grâce à la confiance en soi due des cycles de luttes précédents. A ce stade, ce que fait la gauche, quels sont les choix qui nous font aller de l’avant et quels autres en arrière, c’est la question qui préoccupe le plus des fractions massives de ce courant de gauche.
La gauche anticapitaliste et révolutionnaire en Grèce a une opportunité qu’elle n’a jamais eue dans les périodes précédentes. Même à l’époque de la Transition avec ses luttes tumultueuses et la radicalisation massive de la classe ouvrière et de la jeunesse, elle était beaucoup plus faible politiquement et au niveau organisationnel qu’aujourd’hui.
Dans un mouvement qui gonfle et reste invaincu, dans une période où les espoirs de la classe ouvrière se tournent vers la gauche, elle a les forces et l’expérience pour jouer un rôle de direction. Pour devenir la locomotive qui tire tout le mouvement vers la gauche, sans étapes intermédiaires jusqu’à la révolution.

En première ligne

ANTARSYA dispose de ce potentiel, d’abord parce que le rôle qu’elle joue dans la lutte des classes, les combats qu’elle mène dans le mouvement est bien plus important et déterminant que ce que peuvent indiquer ses pourcentages électoraux. Un problème qui confirme cette affirmation à l’œil nu est la lutte contre le racisme et les fascistes. Samaras en a fait son drapeau, avec les attaques idéologiques les plus crues contre la gauche et le racisme le plus écœurant. La montée des fascistes dans cette serre que leur a procuré et leur procure le gouvernement et la classe dirigeante se trouve confrontée à un mouvement de masse qui se développe constamment. Ce mouvement n’a pas émergé de lui-même. Souvenons-nous de la veille des élections de juin et de l’agression de Kasidiaris contre les députées de gauche L. Kanelli et R. Dourou. SYRIZA et le KKE ont réagi par des déclarations dans les télévisions et les radios. Le jour suivant, le rassemblement antiraciste-antifasciste auquel avait appelé KEERFA et des communautés d’immigrés rassemblait des milliers de personnes.
A partir de là pas une seule provocation fasciste ni un seul crime raciste de la police de Dendias n’a eu lieu sans recevoir une réponse massive dans les villes et les quartiers, les écoles et les universités, les lieux de travail. Les organisations de la gauche anticapitaliste rassemblées dans ANTARSYA ont joué un rôle actif dans le développement de ce mouvement. Le rassemblement national du 19 janvier a montré et la vigueur de ce mouvement, et son ampleur,  mais aussi le rôle actif qu’y jouent les révolutionnaires et les anticapitalistes. Force d’impulsion à la fois sur le plan organisationnel et sur le plan politique. Le rassemblement était politiquement offensif : à côté de « les fascistes dehors », le positionnement central était déterminé par les slogans pour la régularisation de tous les immigrés, la nationalité pour tous les enfants, contre le gouvernement des mémorandums et le racisme.
Plus de 20 000 personnes ont défilé dans le centre d’Athènes et ont assisté au concert à Syntagma jusqu’à tard le soir. Une initiative qui est partie du secteur de la gauche anticapitaliste est finalement parvenue à entraîner toute la gauche. La direction de SYRIZA a appelé dans les derniers jours ses partisans à participer. Cette évolution concerne aussi le KKE. La veille la fédération d’Attique du parti avait organisé une manifestation massive dans les rues de Petralona contre l’assassinat de Loukman avec pour mot d’ordre : « les fascistes hors des quartiers » et le jour du rassemblement même, une équipe de ses militants ont distribué des tracts dans le cortège de la communauté pakistanaise.
ANTARSYA peut jouer le même rôle dans tous les combats. Le 1% des élections de mai peut entraîner les 30% et créer des courants majoritaires, pas seulement dans les urnes mais aussi dans la rue, les écoles et les universités, les usines et tous les lieux de travail. Il ne s’agit pas de vœux pieux. 
Le « Plan Athènes » qui démantèle l’enseignement supérieur public résume toutes les attaques des mémorandums et d’un système en crise à l’échelle de l’éducation dans son ensemble. Le gouvernement va le présenter comme des « aménagements », mais des milliers d’étudiants, d’enseignants savent très bien que ce combat est la suite de la lutte contre la suppression de l’article 16 et de la loi-cadre. Et les forces de la gauche anticapitaliste jouent encore une fois un rôle de premier plan. Le rassemblement de l’éducation du 2 mars à Athènes était révélateur des aspirations de ce milieu. Des milliers d’instituteurs, de professeurs, d’étudiants et de lycéens ont inondé le centre d’Athènes de leurs banderoles et leurs slogans. Devant les instituteurs de l’association « Aristote », les manifestants se sont disposés de façon à représenter des lettres formant le slogan « tout public » - et l’éducation, et tout ce que veut brader le gouvernement au marché. « Education publique démocratique, non au catéchisme nazi » disait la banderole de l’ELME (Union des Enseignant-e-s du Second Degré) d’Attique-Elefsinas.
L’initiative et le cadre de ce rassemblement a été initié par 26 syndicats de base des instituteurs, 11 ELME, et 4 collectifs d’enseignants qui se sont coordonnés et ont obligé les directions de l’OLME (Confédération des Enseignant-e-s du Second degré) et de DOE (Confédération des Instituteurs-trices de Grèce) à appeler au rassemblement. Là encore un rôle déterminant a été joué par les militants et militantes d’ANTARSYA qui agissent à l’intérieur des initiatives. Dans les universités les étudiant-e-s de l’EAAK (tendance syndicale liée à ANTARSYA) sont à l’initiative des assemblées et des occupations. 
La résistance dans les hôpitaux est un autre front brûlant. Aux élections de l’EINAP (Union des Médecins des Hôpitaux d’Athènes et du Pirée) qui ont eu lieu fin février les forces de gauche ont pris presque la moitié des sièges dans le DS (Conseil Administratif) et le total de leurs voix est supérieur à la moitié des votants. Le Front Unitaire de Renversement du Système s’est imposé comme seconde force, lui qui rassemblait les forces de la gauche anticapitaliste et d’ANTARSYA dans les hôpitaux (la tendance de SYRIZA a été troisième et celle du KKE quatrième). Les résultats viennent couronner deux choix des militants de la gauche anticapitaliste : l’organisation des luttes par en bas et la coordination des éléments qui luttent dans la pratique, avec pour perspective l’intensification des luttes.

Le programme anticapitaliste

Le programme anticapitaliste qu’a formulé ANTARSYA lui donne les moyens de jouer ce rôle dans les luttes. Elle ne la cantonne pas à un isolement sectaire – accusation que nous avons entendue ces derniers mois de différents endroits. Au contraire, elle lui donne la stabilité et la souplesse qui lui permet de jouer un rôle d’avant-garde et unitaire.
Ces deux éléments vont de pair. ANTARSYA a été la première force de gauche qui a proclamé de façon claire la revendication d’annulation de la dette (sans la partager entre odieuse ou non). Nous avons soutenu depuis le début que les ouvriers et la jeunesse ne doivent pas laisser leurs vies devenir un enfer pour que les banquiers locaux et internationaux empochent leurs intérêts. La revendication d’annulation de la dette renforce politiquement chaque lutte confrontée au chantage de la logique de soutien aux mémorandums sous prétexte de « faillite en vue», avec la nécessité de « sacrifice pour l’effort national ». Quand ANTARSYA l’a émise, elle semblait être une paroleisolée. Aujourd’hui cette revendication est adoptée par de larges pans de la gauche et du mouvement. L’autre voie, qui consiste à trouver le plus petit dénominateur commun dans l’ « annulation de la plus grande part de la dette », a conduit ses initiateurs à tirer en arrière la direction de SYRIZA qui court vers la droite. De même au sujet de la sortie de l’Euro et de la rupture anticapitaliste et internationaliste avec l’UE. Quelle est l’idée qui bride le plus la dynamique du mouvement, celle qui dit que l’UE peut marcher sur les traces… d’Obama, ou que là n’est pas la revendication « principale », ou celle qui maintient une ligne d’affrontement avec une des principales décisions du capitalisme grec ?
Le contrôle ouvrier est la ligne rouge qui traverse le programme anticapitaliste. Elle délimite tout d’abord la perspective stratégique de nos luttes, la perspective de renversement du système « par en bas », et ne cantonne pas le mouvement à un rôle de soutien à un gouvernement de gauche ou « antimémorandum» qui parvient à prendre la majorité au parlement. Le contrôle ouvrier dans sa forme aboutie signifie un régime de double pouvoir dans l’entreprise et la société, qui soit ira plus loin vers la prise du pouvoir politique, soit s’écroulera.
Cependant, dans le même temps, le slogan d’ANTARSYA de « contrôle ouvrier partout » est une réponse aux problèmes immédiats des travailleurs aujourd’hui. Cela veut dire que les travailleurs qui luttent contre les fermetures d’entreprises et les licenciements peuvent se battre de façon plus efficace en revendiquant la nationalisation sans indemnités pour les patrons, pour que l’entreprise reste ouverte sous leur contrôle, afin que ce ne soient pas eux qui supportent le poids du sauvetage, mais les véritables responsables. C’est une réponse à la propagande terroriste qui dit que nous nous retrouverons sans carburant ni nourriture si nous sortons de l’euro : les travailleurs et les travailleuses qui produisent et distribuent les richesses de la société peuvent mieux que n’importe quel technocrate bien intentionné rejeter les combines, les spéculations et les escroqueries des patrons.
De plus, cette composante du programme anticapitaliste généralise et met en valeur l’expérience des séries de grandes et « petites » luttes de la période que nous vivons. L’occupation d’Alter et la tentative de ses travailleurs d’en faire la chaîne des grèves et des luttes, les pages sur les grèves écrites par les travailleurs d’Eleftherotypia étaient des luttes contre les licenciements mais aussi un « avant-goût » de ce que signifierait une information libre dans une société où ne prévaudrait pas le profit et les « connections » des barons des médias avec l’Etat et avec les autres capitalistes.
Dans ce combat les forces d’ANTARSYA ont encore beaucoup à faire. Mais nous avons la capacité d’aller de l’avant et de tirer tout le mouvement dans cette direction. « ANTARSYA [Antarsya signifie aussi « la rébellion » ndt] ( !)… est matée », écrivait le journal de droite Dimocratia le 26/01 après la réquisition des travailleurs du métro.  Ce jeu de mot pouvait avoir pour but de présenter les grévistes comme manipulés par les « anarcho-gauchistes ». Cependant, c’est aussi une confirmation indirecte que dans l’esprit des travailleurs les plus combatifs ANTARSYA est identifiée à la révolte, et à l’intention de l’étendre et de la poursuivre jusqu’à la victoire.

Fronts ou fronts uniques ?

Le programme anticapitaliste d’ANTARSYA n’est pas une somme de revendications « minimum » dont certaines pourraient être reconnues comme pertinentes et d’autres mises dans un tiroir au nom d’une plus large unité. Il est unitaire, mais aussi précis. A ce stade, commence la discussion sur le moyen de le réaliser. Historiquement dans la gauche se sont formées deux traditions, depuis les décennies 20 et 30. Il est important d’examiner l’histoire de ces deux traditions, non pas pour y rechercher des recettes, mais pour ne pas répéter des choix erronés. 
Dans les années 30 les partis communistes ont obtenu une écrasante supériorité dans le mouvement. Pour une part importante de la gauche actuelle, cette période est celle que l’on considère comme pleine d’inspiration et d’enseignements. Pour la Grèce, le tournant de la politique des Fronts Populaires est considéré comme le prologue des grandes exclusions du KKE à l’intérieur de l’EAM et de la résistance à l’occupation.
Les « Fronts Populaires » étaient le choix des partis communistes de réaliser des grandes alliances non seulement avec la social-démocratie mais aussi avec les partis bourgeois « progressistes », avec un programme minimum : la défense de la démocratie face au fascisme via y compris l’alliance avec l’Union Soviétique et quelques réformes populaires pour soulager les gens des conséquences de la crise (mêmes si celles-ci avaient toujours été d’autant plus modérées qu’elles avaient été formulées en termes vagues).
A première vue, ce tournant a délié les mains de la gauche. Dans les syndicats elle pouvait s’allier avec les fractions les plus progressistes des directions et étendre son influence dans les luttes qui se développaient. L’antifascisme a ouvert la possibilité de plus vastes collaborations, avec « chaque démocrate », avec des réussites impressionnantes dans les milieux intellectuels et artistiques par exemple. En Amérique les communistes ont lié cela à la lutte contre le racisme, la ségrégation et les pogroms envers les noirs. Harlem (à New York) a envoyé un communiste noir au conseil municipal (figurant sur le bulletin de vote des Démocrates). 
Comment un tel modèle peut-il servir de guide à la gauche d’aujourd’hui ? Le problème est que cette stratégie a conduit à des échecs. Car le choix politique de base était la gestion d’un système en crise profonde et non son renversement. La guerre civile espagnole est un exemple éminent. Le Parti Communiste disait que le socialisme n’était pas à l’ordre du jour et que « nous gagnerons d’abord la guerre, et ensuite nous pourrons parler du socialisme ». Il a imposé cette politique par la force des armes mettant un terme à la révolution. Et il a perdu la guerre. 
Les choix stratégiques, réforme ou révolution, se construisent dans les pas quotidiens du mouvement. Au cours des occupations d’usines en France en juin 1936, Maurice Thorez, secrétaire du PC a prononcé la phrase célèbre selon laquelle les communistes « doivent savoir finir une grève ». La façon avec laquelle il justifiait cette thèse a un intérêt pour aujourd’hui. Puisque « la question qui est posée n’est pas celle du pouvoir mais de la conscience et de l’organisation des masses », alors il serait aventuriste que se poursuivent les grèves à partir du moment où les patrons avaient fait de si grands reculs – 40 heures, congés payés. Le mouvement a freiné en attendant la suite de « son » gouvernement. Deux ans plus tard, tous ses acquis étaient réduits en cendres.
Au septième congrès de l’International Communiste à l’été 1935, le rapport que fit son secrétaire Georgi Dimitrov consacra officiellement son tournant. Il y soutenait la « possibilité » pour les partis communistes de participer ou de soutenir des « gouvernements de front populaire antifasciste », tel que découlant de la politique de front unique ouvrier formulée par l’International au début de la décennie 1920. Le front populaire était présenté comme un élargissement du front unique aux « couches moyennes » et comme actualisation de celui-ci.
En réalité Dimitrov se livrait  des falsifications. Il présentait le front unique ouvrier d’une façon qui ne concernait que l’unité du mouvement syndical – jusqu’en 1934 les PC étaient pour les « syndicats rouges ». Et le front populaire n’élargit pas, mais détourna radicalement le front unique.
L’Internationale, avec la persévérance de Lénine et Trotski, avait maintenu que les partis communistes devaient jouer le premier rôle dans l’action unitaire avec les organisations réformistes sur les questions économiques et politiques brûlantes qui concernent la classe ouvrière. Au cours de l’action commune, ils doivent conserver leur indépendance. C’est seulement ainsi qu’ils pourront démontrer aux travailleurs qui luttent que les révolutionnaires sont les meilleurs militants au quotidien et les convaincre de la nécessité du renversement révolutionnaire du capitalisme.
Dans la révolution russe les bolcheviks ont participé au plus grand front unique jamais constitué – les soviets. Ils n’ont pas fait une simple propagande sur la nécessité de la révolution socialiste. Ils ont organisé au quotidien les luttes contre la guerre, pour le contrôle ouvrier qui ferait face aux licenciements et à la pauvreté, avec des milliers de travailleurs et de soldats appartenant à d’autres partis de gauche ou n’appartenant à aucun. Mais dans le même temps ils conservèrent avec obstination leur indépendance politique et n’hésitèrent pas à exercer la plus impitoyable critique envers la direction des soviets, même quand ils collaboraient avec elle dans les tâches « techniques » liées à la riposte au coup d’Etat de Kornilov en août.
La gauche anticapitaliste peut jouer un rôle d’impulsion pour les luttes et l’ensemble du mouvement, ce qui implique de construire les fronts uniques pour l’action tout en renforçant en leur sein le rayonnement de sa perspective politique indépendante, au lieu de chercher à se mettre à l’ombre d’un imaginaire grand front populaire.
En mai et juin (2012 ndt), ANTARSYA a résisté aux pressions visant à la faire disparaître d’une façon ou d’une autre dans le front « large antilibéral » de SYRIZA. Si elle avait cédé, cela aurait été un coup non seulement pour elle-même, mais aussi pour les milliers de militantes et de militants qui subissent les chocs successifs du « violent ajustement » de la direction de SYRIZA vers la droite. Aujourd’hui elle a la possibilité de gagner des milliers de personnes dans ses rangs et à sa perspective. 
ANTARSYA est elle-même un front, elle est constituée d’organisations et de militants indépendants. C’est la preuve que la gauche anticapitaliste peut être unitaire, sans cacher ses désaccords sous le tapis. La discussion qui va se développer dans ses rangs en vue et au cours de sa Seconde Conférence contribuera à sa clarification, son renforcement et son ouverture vers l’extérieur.